samedi 09 juin 2012
Tout récemment, c’était à l’école Montjoie. Dans un buisson. Même chose voilà quelques jours, cette fois à l’école Léonce-Gluard, où les services municipaux avaient « neutralisé » un petit coin arboré pour éviter que les enfants ne s’approchent trop près.
Dans les jardins des particuliers, c’est pareil. Près du square Bayard, Raphaël, un riverain, a eu la surprise de découvrir plusieurs milliers d’abeilles agglutinés sur un arbre de son jardin.
Les abeilles sont partout dans la ville. Un phénomène inhabituel ? Oui… et non. « Le mois de mai, c‘est la pleine saison de ce qu‘on appelle l‘essaimage, explique Michel Jousset, vice-président de l’Abeille vendéenne (1), apiculteur lui-même depuis près de 15 ans. Mais autant d‘essaims, c‘est plutôt rare. »
Rien d’anormal pourtant. C’est la faute au mois de mai, trop mauvais, venu après un mois d’avril très chaud.
« En avril, les abeilles ont rentré beaucoup de nectar et de pollens », détaille Michel Jousset. Pour faire face au boulot, les reines, véritables « DRH » des ruches, se sont adaptées, et ont pondu des « bras ». « Beaucoup plus que d’habitude. »
Des colonies de 10 à 25 000 individus
Sauf que le vilain mois de mai a mis les abeilles au chômage technique : pas de fleurs à butiner. Elles sont donc restées à la ruche, ont fait du « gras », tandis que de nouvelles abeilles venaient au monde. Est arrivé ce qui devait arriver : la ruche s’est avérée trop étroite pour loger tout ce petit monde.
Résultat, les vieilles reines ont pris la porte, emmenant des bataillons d’ouvrières sous d’autres cieux, pour fonder un autre foyer, après avoir pris soin de laisser de la gelée royale dans les alvéoles des nouvelles reines. Il y a du savoir-vivre chez les reines.
Ces colonies d’abeilles sans domicile fixe ont rejoint arbres, trous dans les murs, cheminées, bacs à composteurs… Les essaims, de 10 000 à 25 000 individus, emmenés par la reine, ne sont pas trop regardants. Des squats provisoires, le temps de trouver un logement plus adapté et plus grand. Michel Jousset a même trouvé récemment un essaim dans une vieille ruche, dont il comptait se débarrasser.
Sont-elles dangereuses, ces abeilles en villégiature, qui errent, en attendant de trouver le parfait pied à terre ? « Non, car quand elles quittent leur ruche, elles ont pris le temps de se gorger de nourriture. » Mais mieux vaut ne pas trop les chatouiller. Et faire confiance à des apiculteurs qui savent leur « parler ».
Appelés par les particuliers, ces derniers les récupèrent dans une caisse, les placent dans une petite ruchette, le temps qu’elles s’adaptent, avant de les installer plus à leur aise dans de vraies ruches. Elles peuvent ensuite reprendre leur activité favorite. Butiner. « Elles ont de quoi se régaler avec les massifs de la ville », assure Gilbert Crépeau, autre apiculteur yonnais. Acacias, tilleuls, noisetiers, mûres, les petites abeilles noires, essentiellement, n’ont que l’embarras du choix pour fabriquer un miel toutes fleurs, garantis sans – trop – de pesticides.
(1) abeillevendéenne.fr
Philippe ECALLE.
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